Politique de l’Interceltique
Politique de l’Interceltique ? Alors que le festival interceltique de Lorient vient d’exclure toute revendication qualifiée de « politique » en refusant la présence de Bretagne Réunie dans le cortège du défilé, et que les appels à rester chez soi se multiplient au sein de l’Emsav, la dépolitisation du monde culturel breton semble complète. Le cas du FIL est symptomatique, en déclarant que « Le bureau et le conseil d’administration, après en avoir largement discuté, ont simplement décidé de recentrer le propos sur ce qui fait l’ADN de la Grande parade : le passage exclusif d’artistes interceltiques » , on constate la perception actuelle de nos luttes et de nos identités : de simples passetemps, culturels et folkloriques. En séparant les luttes politiques de l’identité celtique, on en renie la nature même !
L’idée celtique a été pensée dans le contexte des luttes anticoloniales et dans l’enjeu des luttes contre des pouvoirs totalitaires en Irlande, Grande-Bretagne et Bretagne. Quand Paul-Yves Pezron, au XVIIIe siècle, présente le concept celtique, c’est un projet de lutte qu’il porte, lutte de peuples ayant une douleur commune et faisant face à des menaces similaires. L’identité celtique est née dans la lutte et est une lutte continue. Considérer comme le fait le FIL qu’il n’y a « aucune visée politique » et que : « C’est d’ailleurs contraire aux statuts de notre association. » revient à nier tout simplement l’identité celtique qui est une lutte face aux pouvoirs dominants, puis face à la mondialisation. Alors qu’encore aujourd’hui tous les peuples celtiques luttent (en Irlande pour la libération totale de l’île, en Écosse et au Pays de Galles pour l’indépendance et en Bretagne et Cornouailles pour la reconnaissance des peuples minorisés, et pour l’indépendance en ce qui nous concerne ), refuser de politiser, c’est s’approprier une culture internationale de lutte pour en faire un folklore « banquable ». Cela n’a rien de surprenant, tant le FIL fut et est une version économique d’une appropriation culturelle ancienne, un fantasme capitaliste de vente du projet celtique. En parallèle, le projet de concert militant de Carhaix, qu’on ne peut pas juger désengagé des luttes celtiques, et dont nous saluons l’initiative, se déclare en préambule apartisan, mais porte en lui des revendications politiques, car en effet, le monde culturel doit aussi se saisir de questions politiques. Les adversaires de nos cultures et de nos droits sont partisans, si les événements en Bretagne en faveur de nos cultures, de nos droits ou de nos langues peuvent se présenter apartisans ils devraient à minima accepter la composante politique avec laquelle ils sont intrinsèquement liés.
Les votes qui limitent les fonds pour le breton sont le fruit d’un parti pris politique. Le rejet de nos droits est politique, comme le démontre la prise de position violemment coloniale des Républicains et des macroniste. Nous sommes attaqués par des parties politiques, et la négation de nos droits et cultures est le fruit d’une politique, rendre ces luttes apolitiques, c’est laisser la place à nos adversaires. Oui l’interceltisme est un concept politique et partisan.
Oui la défense de nos droits et de nos langues est politique ! Depuis 20 ans, nos luttes ont été dépolitisées. Beaucoup d’organismes se sont réclamés « apolitiques » ou « apartisans » (en disant ne pas vouloir faire de politique) et de ce fait, se sont fait tailler des croupières par les partis jacobins. Il est grand temps que les partisans bretons se réveillent et que les Bretons assument de reprendre en main leur destin politique.
Douar Ha Frankiz, Pour une Bretagne libre
Vidéo de Maïlys Bretonne qui traite également le sujet:
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