Le Déclin du Breton
Unan all… Le Figaro présente un (rare) article sur le breton et son déclin. Avec un regard souvent suspicieux, évoquant la volonté d’éradication de la langue par l’Etat Français que comme une « théorie » de Rozenn Milinn alors interviewer. L’article n’apporte rien de nouveau sur le déclin du breton. L’interview de Rozenn Milinn et Erwann le Pipec Maitre de conférences à l’UBO, mérite d’avoir donné la parole à des personnes connaissant le sujet. Maintenant on peut questionner cet article, simple constat sans aucune mise en perspective. Rozenn Milinn déplore la disparition de locuteurs bretons à Landunvez, sans aucun lien avec la balnérisation de la commune et du pays d’Iroise. Le Figaro prometteur régulier des résidences secondaires ne fait aucun lien entre ses promotions et leur impact sur les communautés de locuteurs bretonnants. Landunvez et la côte du chenal du Four, fut et reste une zone avec un forte identité bretonne et bretonnante, malheureusement ces communautés privées d’accès au logement ont été démembrées, éclatées. Rompant ainsi tout usage courant de la langue et vie de communauté. L’isolement et la précarisation des foyers bretonnants est une cause majeure de la disparition de la langue. Ce phénomène très bien documenté au Pays de Galles est très important en Bretagne. Landunvez pour ceux qui y vivent est une commune au volet clos. Ce symptôme est illustré par le prix des maisons sur la commune avoisinent et dépassant souvent le demi-millions d’euros. L’absence de perspective du figaro est impressionnante.
Notons l’analyse d’Erwann le Pipec, exemple clair du « défaitisme » trop présent dans les instances bretonnes. Le constat « d’un soutien institutionnel très fort », est plus que problématique, car cela est faux. La récente suppression des instances pour le breton à la Région est la preuve du contraire. Les investissements actuels pour le breton, sont bien inférieurs aux besoins. Le Breton est loin d’être le cœur des financements régionaux (sans même évoquer le financement du gallo, encore plus limité). Dans le récapitulatif du budget 2023, la région ne mentionne pas les langues de Bretagne, qui ne sont pas un point officiel de ses finances. Non, le breton ne bénéficie pas d’un soutien institutionnel fort, c’est même l’opposé.
Hors, c’est avant tout ce soutien qui fait défaut. Les pays ayant sauvé leur langue ont bénéficié d’un soutien institutionnel essentiel, que ce soit les Iles Feroé ou Le Pays de Galles. Sans reconnaissance officielle (première base de tout soutien institutionnel), la préservation de la langue est impossible et l’État français n’a de cesse de nous rappeler son opposition à toute avancée en la matière.
En soi, le témoignage d’Erwann le Pipec, au-delà de cette lecture « optimiste » des fonds alloués aux bretons, nous montre une lecture d’une disparition inéluctable du breton, oubliant les pays ayant fait face à cette situation et ayant sauvé leur langue. Cela pose problème quand cela vient d’un professeur intervenant dans les filières bretonnes de l’UBO. Les universités ayant normalement la responsabilité de d’enseigner et de préserver un haut niveau de maîtrise de la langue. Malheureusement ce rôle n’est pas assumé par les universités bretonnes en général. On peut déplorer qu’à l’UBS alors en période électorale pour la présidence, le breton soit complètement absent des programmes des différentes listes, alors même qu’elle est implantée dans la région la plus bretonnante de Bretagne et qu’elle se targue d’un lien fort avec son territoire.
Entre cette présentation sans mise en perspective et illustration flagrante des dynamiques mortifères actuellement à l’œuvre en Bretagne, il est essentiel de se réunir dans la lutte pour reprendre en main notre avenir. Sans pouvoir politique fort, nous ne pouvons mettre en place un « un soutien institutionnel fort » dont nos langues ont cruellement besoin. Seule l’indépendance nous permettra une réelle défense de nos langues et leur protection et valorisation à l’université, qui doivent être un lieu de vie de langue et non son fossoyeur. Ensemble œuvrons pour une Bretagne libre.