« Accepter de perdre nos enfants » ou la mort par la Patrie

« Accepter de perdre nos enfants » ou la mort par la Patrie

de Douar ha Frankiz

● Les mots violents, militaristes, lâchés par le chef d’État Major Français, le Général Mandon et le lieu où ils ont été professés, sont autant de preuves de la folie française.

Le lieu, d’abord, devant le congrès des maires de France, le chef d’État Major, déroule une harangue sur fond de conflit international et de marche à la guerre. Cette oraison funèbre, une semaine après le jour de mémoire des morts par la France de 1918, vient présenter aux maires Français leurs rôles et leurs fonctions pour l’État : n’être que des instruments de la mobilisation à venir, les bureaux d’embrigadement pour une potentielle boucherie. L’État, la mairie, c’est eux.

Les municipalités ne sont que des relais de leurs vues impérialistes et bourgeoises. Il n’est pas question ici des problématiques environnementales ni des problématiques de logement, d’éducation, de culture, autant de responsabilités qui dépendent en partie des municipalités. Non, à la place vous aurez un réchauffé du fameux poilu, image d’Épinal du mobilisé de 1914 dans sa version clairvoyante.

Accepter, voire encourager l’assassinat de « nos enfants », dans un discours paternaliste et « responsable », n’est pas anodin ou débile, mais cynique et criminel. Le chef des armées, en appelant à ce sens des responsabilités, oublie les siennes : faire que jamais le peuple n’ait à verser son sang, que toujours l’État défende ses enfants et les protège de la guerre. Nous ne nous épancherons pas sur ce déni continu des responsabilités qui incombent à l’État français et qu’il oublie et dévoie perpétuellement, mais nous ne pouvons continuer à supporter de n’être qu’un réservoir de sang pour les vampires de la bourgeoisie dominante.

Ce fantasme du héros mort pour son pays est le drame des sociétés guerrières, où le mort inutile est placé au sommet de la gloire. La macronie friande de breloques et de bombage de torse a pleinement embrassé cette idéologie, car elle s’enorgueillit et favorise la sacro-sainte industrie. La guerre est pratique car elle annule tout.

En tant que Breton-ne-,s, l’histoire nous a appris combien nous étions utiles à ce type de récit. Une halte dans n’importe quel bourg vous renseignera sur le rôle des Bretons dans cette République.

Il y a une semaine encore, nous rassemblions nos enfants pour chanter une Marseillaise évoquant l’égorgement d’autres enfants. Il faudra apprécier le cynisme. Ce culte guerrier est un poison, dont nous sommes nous-même les instigateurs. Nous célébrons nos martyrs et fantasmons nos héros guerriers. La guerre et les luttes bretonnes sont nos repères, nos mémoires mais pourtant le plus grand, le plus beau et le plus utile des sacrifices n’est pas la mort pour leur Patrie, mais la vie pour notre pays ! Qu’apportent à la Bretagne et aux nations les morts ? Un sursis, une halte ? Peu importe qu’il s’agisse d’une légende, ou non. Arthur, malgré sa victoire, ne semble pas avoir empêché la réussite des Saxons. L’excidio britanniae fut le fait des armes, et la survie des Bretagnes celui de celles et ceux qui ont continué à parler, chanter, labourer en breton et en gallo en Bretagne.

Nous avons besoin de vie dédiée à la Bretagne, de gens qui chaque soir saluent le lendemain pour vivre en breton, rire, aimer, œuvrer, réparer en tant que Breton-ne-s. Qu’importe de perdre toutes les guerres tant que nous vivrons. Cette leçon durement enseignée au monde par le peuple Palestinien nous est aussi destinée : ne pas rêver de mort, mais rêver de vie.

Bretons, Bretonnes, soyons nationalement objecteurs de conscience : ni la Bretagne, ni la chimère française ne méritent que nous ne périssions pour elle, mais l’une mérite que nous vivions par elle.
Alors dès demain refusez la rhétorique guerrière, vivez et sacrifiez uniquement votre temps, en rentrant en politique, en agissant en breton, pour que l’an prochain ce général soit hué en breton et en gallo, lui et son discours macabre.

Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarmes
Que j’emporte des armes
Et que je sais tirer.

Le Déserteur, Boris Vian.

Douar Ha Frankiz , Pour une Bretagne libre!

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